MichelSerrault, né le à Brunoy (Essonne, alors en Seine-et-Oise) et mort le à Honfleur (Calvados), est un acteurfrançais[1].
Considéré comme l'un des comédiens les plus populaires de sa génération, Serrault tourne au total dans près de longs métrages[2], endossant des rôles éclectiques et originaux. Depuis la comédie de Vaudeville avec La Cage aux folles et de la comédie absurde ou délirante comme Buffet froid et Le Miraculé, jusqu'à un registre plus sombre à partir du milieu des années avec Malevil, Garde à vue, Les Fantômes du chapelier, Mortelle Randonnée ou Docteur Petiot, il interprète une palette nuancée de comédies dramatiques telles que Nelly et Monsieur Arnaud ou Les Enfants du marais () de Jean Becker et d'autres plus légères comme dans Le bonheur est dans le pré d'Étienne Chatiliez, en
Il est le seul acteur à avoir obtenu le César du meilleur acteur à trois reprises; en pour La Cage aux folles; en pour Garde à vue et en pour Nelly et Monsieur Arnaud.
Michel est le fils de Robert Serrault, d'abord représentant (en soieries puis en cartes postales) le jour et contrôleur au théâtre de l'Ambigu-Comique la nuit, et d'Adeline Foulon[3],[4].
Au début de la Seconde Guerre mondiale en , sa mère envoie Michel à Argentat en Corrèze, ainsi que ses deux frères Raoul et Guy[5], et sa sœur Denise.
Issu d'une «famille très simple de tradition chrétienne», il devient enfant de chœur dans l'église de ce village où il découvre la théâtralité de la cérémonie religieuse. Il côtoie aussi la mort lors du sacrement de l'extrême onction et des funérailles religieuses[6].
Portant en lui le germe d'une foi naissante, il annonce en à sa mère vouloir devenir prêtre. En , il entre au petit séminaire de Conflans à Charenton-le-Pont. Dès cette époque, il proclame avoir deux passions, «faire rire et [s]'occuper de Dieu[7]». Il dira cependant plus tard qu'il n'aurait pas aimé le vœu de chasteté[8]. Au bout de deux ans de séminaire marqués par une vie austére, le père Modeste Van Hamme, son directeur spirituel, l'oriente vers le métier de comédien, considérant qu'il servirait mieux le Seigneur dans ce domaine[9].
Malgré cette réorientation, Michel Serrault est par la suite toujours resté un fervent catholique.
Au printemps , Il s'inscrit au centre d’art dramatique de la Rue Blanche et suit les cours gratuits de Jean Le Goff, comme José Artur[10]. Parallèlement, il suit des cours payants au conservatoire Maubel où il rencontre une autre élève, Juanita Saint-Peyron, qu'il épousera le .
Refusé au Conservatoire de musique en , il signe ses premiers contrats de comédien, part en tournée en Allemagne, monte un spectacle de clown avant de faire son service militaire à Dijon en [11]. Il est contraint, pour gagner sa vie, de se travestir dans un cabaretpolonais[12].
À son retour, il décide d’intégrer la troupe de comiques des Branquignols de Robert Dhéry, est initié au théâtre d'avant-garde par Jean-Marie Serreau, étudie l'art du mimodrame avec Étienne Decroux et fait de la figuration à la Comédie-Française[13].
Dans les années et , il fait les belles heures des cabaretsparisiens en duo avec Jean Poiret, qu'il rencontre en à une audition des matinées classiques du Théâtre Sarah-Bernhardt. Ils se font connaître en interprétant ensemble le sketch «Jerry Scott, vedette internationale» dont la première représentation a lieu au cabaret Le Tabou[14] le [15].
Âgé de 27 ans, l'acteur débutant interprète en , un surveillant dans l'inquiétante pension du film Les Diaboliques d'Henri-Georges Clouzot; un rôle sans aucune connotation comique. Mais jusqu'au début des années , il ne tourne que des comédies, le plus souvent dans des seconds rôles. Ainsi, la même année, on le retrouve avec ses comparses de la troupe des Branquignols dans le très populaire Ah! les belles bacchantes.
Parmi les comédies les plus notables, il apparaît dans Oh! Qué mambo de John Berry en et La Belle Américaine, de son ami Robert Dhéry, en L'année , il tourne avec Louis de Funès dans Carambolages de Marcel Bluwal et Des pissenlits par la racine de Georges Lautner ainsi que dans Bébert et l'Omnibus d’Yves Robert. On note aussi en , La Tête du client, de Jacques Poitrenaud et Quand passent les faisans, d’Édouard Molinaro ainsi que La Bonne Occase de Michel Drach dont il est également codialoguiste. En , il apparaît dans Du mou dans la gâchette de Louis Grospierre et Les Compagnons de la marguerite de Jean-Pierre Mocky. En , il retrouve Jacqueline Maillan de la troupe des Branquignols dans Appelez-moi Mathilde, de Pierre Mondy. La même année, Ces messieurs de la gâchette de Raoul André fait suite à Ces messieurs de la famille sorti en , avec la même distribution.
Dans ses participations aux comédies des années , on peut noter Le Cri du cormoran le soir au-dessus des jonques de Michel Audiard en et surtout l'année suivante, son premier rôle marquant dans Le Viager de Pierre Tchernia.
En , il donne la réplique aux Charlots dans Le Grand Bazar de Claude Zidi et tourne à nouveau le rôle du héros pour Pierre Tchernia, dans Les Gaspards. En , il tourne sur une idée de l'équipe du Le Splendid, le film C'est pas parce qu'on a rien à dire qu'il faut fermer sa gueule réalisé par Jacques Besnard. En , il interprète le rôle principal d'Opération Lady Marlène de Robert Lamoureux.
Bertrand Blier lui propose en , un rôle dans Préparez vos mouchoirs, face à Patrick Dewaere et Gérard Depardieu puis l'engage à nouveau en , dans Buffet froid.
Figure du théâtre de boulevard, avec ses rôles dans des pièces télévisées d'Au théâtre ce soir, il triomphe en dans le rôle de l'excentrique travesti «Zaza Napoli» de La Cage aux folles, qu’il rejouera plus tard avec un succès international[16] dans ses adaptations au cinéma et dont le premier opus lui vaut le César du meilleur acteur en
Les deux polars d'Étienne Périer, Un meurtre est un meurtre () et La Main à couper () puis Un linceul n'a pas de poches de Jean-Pierre Mocky en marquent un premier tournant pour l'acteur. En , après avoir joué plutôt des personnages plutôt cocasses et caricaturaux pour Jean-Pierre Mocky, il tourne l'Ibis rouge où il a pour partenaire Michel Simon et Michel Galabru; il incarne ce rôle avec une nuance d'humour noir et un jeu moins comique.
Le , sa fille Caroline âgée de dix-neuf ans, meurt brutalement dans un accident automobile[17]; sa foi religieuse et le fait de continuer à travailler coûte que coûte sauvent le comédien du désespoir[6], comme il le retate dans son autobiographie «Vous avez dit Serrault?» paru en aux éditions Florent Massot[18].
À la même période, Christian de Chalonge l'engage pour un rôle dramatique dans l'Argent des autres, virulente critique de l'univers capitalistique, de la politique et des banques[19]. En , il remporte le César du Meilleur acteur dans La Cage aux folles mais est nommé la même année pour le César du Meilleur acteur dans un second rôle, pour l'Argent des autres[20].
L’adaptation de la pièce La Cage aux folles au cinéma représente un succès international[16]; dès lors, il devient l'un des acteurs français à pouvoir se permettre de tourner à la fois dans des grandes productions et tout autant, des films d’art et essai, souvent plus élitistes.
En , il confirme son talent dramatique[21] dans un rôle important pour Christian de Chalonge, dans Malevil, film de science-fiction post-apocalyptique, aux côtés de Jean-Louis Trintignant, Jacques Dutronc, Jacques Villeret et son comparse Robert Dhéry dont c'est l'un des rares rôles dramatiques[22].
L'année lui permet d'interpréter dans Garde à vue de Claude Miller, un face à face policier dramatique avec Lino Ventura et d'incarner l'époux malheureux de Romy Schneider. Il obtient le César du meilleur acteur pour ce film. Son dialoguiste Michel Audiard déclare que Michel Serrault «est le plus grand acteur du monde».
En , Claude Chabrol l'engage à interpréter le premier rôle dans Les Fantômes du chapelier d'après Georges Simenon, drame où la mort rôde à chaque instant[20].
Claude Miller lui offre le rôle de l'inspecteur, dans Mortelle Randonnée en où il est confronté à Isabelle Adjani; il est nommé au César du cinéma, l'année suivante. En pour Mocky, il incarne un supporter fanatique et effrayant dans À mort l'arbitre.
Durant cette même période , grâce à Jean Yanne, il enchaîne toujours des comédies satiriques comme notamment Tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil (), Moi y'en a vouloir des sous (), les Chinois à Paris () puis Deux heures moins le quart avant Jésus-Christ ().
À partir du milieu des années , Michel Serrault va alterner les rôles légers et dramatiques, jusqu'à la fin de sa carrière en , année où à la télévision, il retrouve le réalisateur Christian de Chalonge pour tourner une adaptation de la pièce classique de Molière, L'Avare (téléfilm, ).
Le réalisateur Jean-Pierre Mocky lui offre le succès populaire Le Miraculé (), où il joue pour la dernière fois avec son ami Jean Poiret et donne la réplique à Jeanne Moreau; actrice qu'il retrouve pour un autre face à face humoristique dans La Vieille qui marchait dans la mer d'après Frédéric Dard, réalisé par Laurent Heynemann en Le film En toute innocence d'Alain Jessua lui permet d'interpréter un personnage paralysé et aphone, face à sa bru dans une histoire d'adultère.
Il retrouve le réalisateur Christian de Chalonge pour son film Docteur Petiot (), où il incarne le maléfique médecin tueur en série. En , dans Nelly et Monsieur Arnaud, le film testament de Claude Sautet, joue le rôle d'un magistrat retraité, désenchanté, solitaire et mélancolique, qui sollicite les services d'une jeune femme délaissée pour rédiger ses mémoires. Cette prestation, unanimement reconnue comme l'une de ses compositions les plus abouties, lui permet de remporter un ultime César en
Son interprétation soulève parfois de vives polémiques, comme lorsqu'au Festival de Cannes, est présenté le film Assassin(s) de Mathieu Kassovitz[23] qui n'obtient en salle, qu'un faible succès[24]. Il revient aussi à la comédie incisive avec Rien ne va plus () de Claude Chabrol, avec Isabelle Huppert et Jean-François Balmer.
En , dans Le Monde de Marty de Denis Bardiau, il tient le rôle d'un vieillard atteint de la maladie d'Alzheimer, dont le commentaire en voix off narre le récit de son amitié naissante avec un jeune garçon atteint de leucémie. Il retrouve à nouveau Bertrand Blier pour Les Acteurs en , où comme presque tout le reste de la distribution, il interprète son propre rôle.
À la fin de sa vie, l'acteur joue surtout des rôles de vieux campagnard français, parfois bougon ou rustre mais avec un grand cœur, comme dans Les Enfants du marais () de Jean Becker avec Jacques Villeret et Jacques Gamblin ou Une hirondelle a fait le printemps () de Christian Carion, Le Papillon () de Philippe Muyl, Albert est méchant () ou encore Les Enfants du pays de Pierre Javaux.
Peu de temps avant sa mort, il se rend aux obsèques de Jean-Claude Brialy, à Paris.
À cette époque, il met la dernière main à un ouvrage dans lequel il raconte ses souvenirs, en se retournant sur sa carrière éclectique. Cette autobiographie intitulée À bientôt paraît le chez Oh! Éditions. Chrétien catholique animé d'une foi profonde, il a envisagé de porter à l'écran la vie de Guillaume Pouget, prêtre lazariste qu'il a toujours admiré[25],[26].
«Homme au physique de monsieur-tout-le-monde et au caractère fougueux, cabotin, provocateur, franc et chaleureux», il a joué dans longs métrages[27].
Il meurt dans sa propriété du Val la Reine[28] à Vasouy le , à l’âge de 79 ans, des suites d’un cancer[29], alors qu'il souffre depuis plusieurs années d'une maladie rare, la polychondrite chronique atrophiante, produisant notamment une déformation visible de son nez[30],[6].
Le , de nombreux amis du monde du cinéma et du théâtre et quelques officiels assistent à ses obsèques dans l'église Sainte-Catherine de Honfleur[31], située à proximité de sa résidence secondaire.
Il est d'abord inhumé au cimetière attenant.
Sa dépouille est transférée en au cimetière ancien de Neuilly-sur-Seine, lieu de sa résidence principale, auprès de son épouse et de sa fille[32].
Michel Serrault fait la connaissance de Juanita Saint-Peyron (née le ), dite «Nita», au conservatoire Maubel à Paris, alors qu'il suit des cours de comédie. Il l'épouse le , avec pour témoins Jean Poiret et Françoise Dorin. Ils ont deux filles: Caroline, née le à Neuilly-sur-Seine et morte le dans la même ville dans un accident de voiture à dix-neuf ans, et Nathalie, née en
Juanita, morte le , aura été jusqu'à la fin, l'amour de sa vie.
Il publie trois ans avant sa mort le récit autobiographique, Vous avez dit Serrault? et le journal personnel Les Pieds dans le plat!, dans lequel il fait part des remarques, pensées et critiques qui s'offrent à son regard de comédien et de chrétien.
Dans son autobiographie, il explique combien la foi catholique a marqué son existence et a donné un sens à sa vie.
Jean Poiret et Michel Serrault
Michel Serrault
(source: Académie des César[37])
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